dimanche 7 mai 2006

Poker toulousain

J'ai hésité à ce tournoi freezeout à 50 € l'entrée. 50 €, je trouvais ça un peu cher. Le prize pool était de 1600 € répartis sur les 5 premiers. Mais j'aurais eu tort de ne pas m'y rendre...

D'ailleurs, je suis parti au dernier moment, après une longue hésitation, et de facto, suis arrivé cinq minutes avant la fin des inscriptions ayant finalement opté pour le parking faute de place extérieure disponible, après une pause ravitaillement tabac, et un appel au 118 218 (je n'en connais pas d'autre) pour l'adresse exacte.

Club

C'est une sorte d'ACF toulousain avec des enjeux sans ruine possible sur place, mais de gros joueurs de passage... ça fait ambiance club du quartier.

Démarrage tranquille

Sur les 3 premiers coups : paire 8 servie, full, brelan : je pars sur d'excellentes bases même si cela ne me rend pas très riche, faute d'adversaire pour me suivre. Assez vite, j'enchaîne un peu et me fais mon petit tas, autour de 2 fois mes jetons de départ, soit 600, et une oscillation entre 500 et 800. Je joue serré et mes rares bluffs passent. Je jette tout un tas de mains que j'ai l'habitude de jouer, histoire de faire durer mes 50 € et constatant que durant la première heure, il y a très peu d'éliminés...
Je me situe toujours 2eme ou 3eme tapis de la table et passe une soirée confortable pour l'instant. L'ambiance est bonne et je demande trois-quatre fois à des mecs genre accent aveyronnais ou gersois de me répéter ce qu'ils disent (ah, il a dit "bon") : ça joue bien même si à ma table, des habitués du vegas ne misent qu'a la river et checkent tout le temps en post-flop : ils sont faciles à faire coucher. J'en profite. Et je me méfie de quelques-uns : Tony, un portugais, soixante ans, il n'en est plus à sa première partie, et il ne joue qu'avec de grosses mains, un autre moustachu, lui aussi, supertight, que je sortirais plus tard en table finale, et un fou exubérant qui joue très risqué donc très dangereux. Les autres sont abordables et je les cerne bien : ils callent trop souvent avec des mains intermédiaires. Cependant, l'absence de référence commune, de langage commun autour de la table, la présence de quelques-uns habitués à jouer gros (ce qui, j'en suis sûr, ne veut pas dire jouer bien, j'en ai encore la confirmation durant ce tournoi) rendent l'ensemble difficile à contrôler malgré tout : je ne peux diriger la table comme j'aime le faire. Par exemple, il y a un mec qui checke avec la main pour folder, et d'autres qui gardent leurs cartes devant eux alors qu'ils sont couchés : faut se repérer...

L'agressif qui regarde trop Canal +

A un moment, regroupement de tables et un petit jeune qui regarde trop Canal Plus, hyper agressif, se place à ma gauche, avec un gros tas de jetons, et raise à tous les coups me volant ainsi doucement. J'essaie de le contrecarrer avec une main moyenne pour lui faire comprendre de ne pas jouer cela avec moi : il re-raise. J'attends pour plus tard de le prendre avec une excellente main. Je lui reprendrais effectivement, ultérieurement, plus que mes jetons avec 77 servis en le forçant à se coucher en post-flop. Mais, dans l'immédiat, j'en profite pour le tester en lui balançant avec le sourire "agressif ?", il me répond "ouais avec mon 72, obligé !"... Il se la pète trop, avec tous ses copains déjà éliminés derrière lui. Il se sent d'être de tous les coups, d'être maître de tous les coups, il est impatient, il veut dominer, il est fier, il veut impressionner ses camarades. Amusant car oui, il regarde trop Canal Plus, et je suis sûr qu'il ne va pas durer longtemps. Mais il a de la chance, et sort un mec avec AQ contre AK. Malheureusement pour lui, cinq minutes plus tard, il bluffe n'importe comment avec 8T de carreau, aucun out au flop, et se fait attrapper par l'autre gros tapis de la table : exit l'agressif et le nouveau chip leader (environ 4000 jetons) à notre table ne cherche pas à la controler avec son gros tas de jetons. Erreur, je vais pouvoir naviguer...

Le début de la grande forme

J'ai abandonné la bière pour de l'Orangina et continuer à jouer sérieux, sans faire de faute. On n'est maintenant plus qu'une quinzaine de joueurs, j'ai fait une pointe à 1000 en jetons mais me retrouve avec 500 jetons seulement après deux mauvais coups et un mec assis derrière moi qui m'incitait à envoyer la sauce à tous les coups. Très sympa mais fatiguant, le mec. Mauvais conseil, surtout. Et dans l'instant présent, pas de réelle stratégie de jeu autre que saisir les opportunités de survivre, soit ce qui revient à pas grand chose à se mettre sous la dent à ce moment de la soirée, et qui me dit en corollaire que la table finale ne sera pas pour ce soir. Mais voilà mon second rush de la soirée. En 15 minutes : 37 de pique en grosse blinde que je joue donc, avec top pair 7 au flop, qui se transforme en flush : j'engrange... puis paire 22 servie qui fait brelan, j'engrange encore... quelques vols de blinds... enfin une paire AA jouée slow play et je débarque en table finale avec pas loin de 3000 jetons, soit 5eme tapis environ sur 9 : je decide de jouer super serré...

Table Finale

J'attends... mais pas longtemps car KK servi, je call la blind : le moustachu qui jouait serré à ma table fait une grosse relance, je fais mine d'hésiter, je sais qu'il joue serré mais à ce moment de la partie, faut y aller : je fais tapis, il suit : je le sors, je double avec un K au flop mais tirage suite ventrale et couleur à la river pour lui : chaud... Il me dit qu'être sorti par moi, ça lui va. Je le remercie pour le compliment.

Je vais vraiment pouvoir attendre d'être dans les 5 tranquillement... je folde des A3, A6, A7 alors que je n'en ai pas l'habitude, bien qu'il le faille généralement. Aussi, je vole des blindes avec A10 assortis ou KJ, K10.... puis je bluffe grave mon voisin avec 38 de coeur, un petit tapis, et montre à tout le monde...
Enfin, voilà QQ servis, le short stack fait tapis, je call, il a A8 et je le sors. Entre-temps, un mec s'est fait sortir 66 contre KK, donc on est maintenant 5 : je suis chip leader ex-aequo avec un marocain (je dirais) moustachu placide, la quarantaine, très calme, cravaté et un peu de bide. Mais plus pour longtemps, car avec AA slowplay, je pique un tiers de son tapis : je sens bien que je fais peur à tout le monde avec mes mains, mes relances, mon tapis : là, je dirige la table finale, et là, je suis vraiment à l'aise. J'ai aussi eu 99 et JJ, mais sans adversaire. Du 9 à l'A, j'ai eu toutes les paires en table finale sauf le T. Je n'avais rien eu d'autre qu'une paire d'As servis durant tout le reste du tournoi : j'ai sû être patient et jouer sérieux sans de grandes mains, et là, elles m'arrivent au meilleur moment.

Les blindes montent, les 4eme et 5eme sortent faute de jetons : j'avais joué avec le 4ème aux qualifications du France Poker Tour : on s'est reconnus. Un très bon joueur. Même âge.

Nous voilà plus que trois..... je joue AK slowplay, le marocain a 99, QK8 au flop, il raise, se disant que je n'ai rien mais je fais tapis. Il hésite un peu, et comme il est tard, il suit. Il ne l'aurait pas fait plus tôt, c'est sûr. Je le sors : plus que deux et moi loin devant...

Je me rends alors compte que je n'ai quasiment jamais été en danger d'être éliminé de tout le tournoi. J'ai la force avec moi.

400 euros au second, 600 au premier, il me propose de partager : je dis non car je suis largement devant : j'ai la force en moi, et je dois pouvoir le grignoter tranquillement mais deux coups plus tard, il fait all-in : j'ai A9 assortis, il m'apparaît clair qu'il joue avec une main moins forte que la mienne, c'est un très bon joueur très "technique du marteau" (rentre peu dans les coups mais raise fortement à chaque fois), j'y vais, j'ai raison, il a KJ dépareillés. Mais le board m'est défavorable : JJ8QA. Il fait brelan contre paire d'As. On est au même niveau de jetons désormais, je dois être encore un peu au-dessus, mais nous convenons de partager, il est tard, 2h30 du matin. Nous préférons donc nous serrer la main et convenir d'une situation égale et équilibrée par ce biais.

Tout le bonheur du monde

500 € chacun, je rentre sur un nuage....
J'avais juste 4€ de monnaie pour payer le parking, Ouf !
En cinq minutes, j'arrive à la maison. Je tâte cinq fois l'enveloppe pleine de billets dans ma poche sur le trajet. Je me grille une dernière clope dans le jardin, je ferme la maison à clef, me dit que j'ai beaucoup trop fumé ce soir, que les tournois non-fumeur, c'est mieux, monte dormir en posant l'enveloppe en évidence sur une commode de la chambre, et enfin, glisse à la fois dans le lit et à Sophie que j'ai gagné.
Elle me demande comment, je lui fais en raccourci.
Trop heureux, cinq jours après PSG-OM et une semaine de vacances en famille à profiter de mon petit monde, il me faut du temps pour m'endormir malgré la fatigue.

Un grand merci à Sylvain, pour les photos, prises dans son studio.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'avais un coup de blues… j'ai parcouru ton blog, et là…ça me fais trop rire… les photos, l'intrigue,
le jeu , tout ! tu changeras jamais…
J'ai une petite pensée pour sophie et je la voie déjà à demi sourire !
biz