jeudi 22 juin 2006

Fan Fest

C'est un rythme infernal : dès 11 heures, on attaque les chopes de bières à moins que ce ne soit l'inverse : les bières qui nous attaquent. Très sérieux, avant même la première d'entre elles, on envisage d'arrêter vers 16 heures, histoire de conduire frais. Je négocie avec François qu'il conduira en premier après le match, ça me laisse quelques heures de plus que lui pour m'en enfiler quelques unes. Disons, jusque 20 heures, si je prends le volant à 4h00 du matin.

Au lieu d'un rythme infernal, c'es un cyle infernal qui s'y substitue : il fait chaud, tu as soif, donc tu bois, et à force de boire, tu as faim, et tu bois pour accompagner, et dès que tu as fini, tu te promènes un peu, histoire de ne pas faire seulement le mollusque bleu affamé et assoiffé en plein soleil. Mais là, c'est comme si soudainement, tu te retrouvais atteint d'une sistite chronique : il te faut aller aux toilettes, donc tu t'arrêtes à un bar, et tu reprends forcément à manger ou à boire comme ce vieux réflexe pour justifier d'utiliser les toilettes. Et donc, tu ne sors plus de ce cycle, qui ressemble étrangement à celui des festivals de rock sur trois jours. Le parallèle est d'autant plus exact quand, comme nous, tu ne t'es pas lavé et que t'es en tongue avec les pieds qui suintent sous la chaleur.



Après quelques heures de ce cycle, où nous constatons que les supporters coréens sont bien plus nombreux, organisés et bruyants que nous, et surtout plus colorés (je ne comprends pas ces voisins de table français en t-shirt blanc...) arrive l'heure du premier match, 15h, Japon-Croatie. Direction le Fan Fest. Nos voisins, en attendant Vatche et Raffi sont allemands, brésiliens, australiens ou japonais. Il n'y a que les brésiliens dont on n'est pas sûrs qu'ils le soient : dans tous les pays, il y a des supporters brésiliens comme pour marquer leur attirance au beau jeu. Pas ou peu de croate : il n'y a guère que François avec son maillot croate sur la tête, parce qu'il le trouve beau. Jusque dans ses choix de maillots de football, François reste inégalable et inégalé dans ses goûts vestimentaires !



Les allemands sont extrêmement amicaux et chaleureux. Mais ils ne comprennent pas quand je leur explique que Klinsmann est un bon sélectionneur, que l'image de l'équipe d'Allemagne à l'étranger, avec son jeu ultra offensif est en train de changer, que pour la première fois, des étrangers apprécient l'équipe d'Allemagne. Et puis, sacrilège suprême, je leur dis qu'ils ont déjà gagné 3 coupes du monde, qu'une quatrième ne changerait rien, qu'il leur suffit de prendre du plaisir et que là est l'essentiel et qu'ils ont cet essentiel avec Klinsmann donc que c'est un bon sélectionneur (faire le parallèle avec notre Domenech qui parlait de plaisir il y a un mois et l'a oublié depuis est un saisissant contraste). Mais, en cette coupe du monde, si les allemands sont ouverts sur le monde, ils restent quand même ce qu'on connaît d'eux : intéressés uniquement par la victoire. Rien d'autre que la victoire. L'Allemagne footballistique n'est plus ce qu'elle était tout en l'étant encore.

Ils t'expliquent même comment ils vont gagner la coupe du monde. Ils l'ont gagné en 54, 74 et 90. Donc, en multipliant 54 par 74, tu trouves 3996 auquel tu soustraies 1990, et tu tombes sur 2006.

Ceux avec qui on discute viennent de Magdebourg. On parle Handball et Joel Abati, qui y joue. Ils offrent à François une petite mignonnette d'alcool un peu sucré qu'ils ont réussi à rentrer en douce dans le Fan Fest. Une vraie marque de sympathie.

Arrivent alors Vatche et Raffi, et l'occasion de continuer sur de nouvelles tournées. Il est pourtant plus tard que les 16 heures intialement indiquées pour sortir de ce cycle. J'ai même le courage de reprendre un Kebab...

Ca enchaîne foot. Consensus autour de Vikash, rarement autant apprécié qu'autour de cette table, et regrets éternels sur son tir de fin de match contre les suisses, surtout la Suisse. Surtout Vikash. Surtout après ces stupides sifflets du Stade de France. Ensuite, viennent les récits des hollandais déguisés en ivoiriens et transformés en vrais supporters de Drogba, ou bien encore, de Podolski, le petit gars de cologne, mis en exergue dans la gare centrale, pointé du doigt par la statue du petit josé de la pub Adidas, sur la fresque géante du Hall. Vatche me parle trois fois de Rozenhal, surpassé par les ghanéens. Avec Vatche, véritable encyclopédie vivante, qui nous colle trois fois en autant de minutes : quelle est la star allemande des années 80 du FC Köln, second indice, qui a joué à Paris, et troisième indice, qui commente les matchs en allemagne. Puis, quel joueur a joué à Leipzig (où nous sommes) et a fait mal au foot français... sans oublier que pour Vatche, faire mal à la France veut dire avant toute chose, faire mal à l'OM. Enfin, quel était le joueur français qui n'arrivait pas à rattrapper le bulgare qui remontait le terrain sur le but de Kostadinov qui nous prive de coupe du monde 94. Vos réponses bienvenues en commentaires... Je passe sur sa connaissance parfaite des clubs dans lesquels jouent les 23 ghanéens. Quant à lui, Raffi s'attire quelques amitiés allemandes, en chantant LU - CAS - PO - DOL - SKI....

Nos voisins apprécient modéremment les tests réguliers de nos équipements pour faire du bruit : sifflets en forme de ballon et trompette en plastique dont je m'apercevrais plus tard qu'elle fait le même bruit qu'un klaxon appuyé de bus parisien. Mais comme nous sommes leurs invités, ils ne nous renvoient que des sourires : "Die Welt is Zu Gast - Be Freuden" est martelé sur toute la signalétique : ils l'ont bien en tête.



Japon- Croatie en score vierge, et on part pour le stade après une dernière bière à la mi-temps de Brésil - Australie : on est déçus : aucun australien n'a encore cassé la jambe d'un brésilien, comme ils l'avaient vendu à tout le monde.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La vedette du Fc Köln des années 80 ayant joué à Paris (au Matra) : Pierre Littbarski

Toultour a dit…

bonne réponse mais les 2 autres ?