samedi 5 août 2006
Mon sac à bordel
Ce dernier voyage ne pouvait être simple. Attendant sagement en salle d'embarquement depuis un long moment, car je n'étais jamais arrivé autant en avance, avant même le début des enregistrements, j'entends mon nom : Monsieur Ygouf est prié de se présenter au comptoir numéro 44 - Monsieur Ygouf....
Bon, je ferme mon ordinateur, remballe mon bordel, écrase ma cigarette et direction comptoir 44. J'espère que ce n'est rien, que ça ira vite, car mon vol part bientôt. Je croise les voyageurs dans l'autre sens, je repasse le portique de sécurité, là aussi, dans l'autre sens, en faisant sonner celui-ci cette fois.
Arrivé au comptoir, on me dit que c'est pour une reconnaissance de bagage. J'ai mis tellement de trucs dans mon bagage que je me demande bien ce que cela peut-être.
On me fait patienter. Là arrivent deux demoiselles en tenue bleue aéroport qui passent faire la bise à leur collègue à l'enregistrement. Celle derrière le comptoir profite de leur passage pour demander à celles devant le comptoir de m'accompagner à la salle de reconnaissance. C'est pour une reco, précise-t-elle. Elles acquiescent.
Là, elle utilisent un interphone, et nous attendons facilement cinq minutes durant lesquelles j'essaie de refaire le contenu de mon sac mentalement. Je pense d'abord à la demi-dizaine de petits transfos de mes différents lecteurs CD ou mp3, téléphones, et autres disque dur externes que j'ai jamais réussi à jeter.
Je repense aussi à la dernière discussion du matin à la machine à café où chacun avait raconté une anecdote sur les aéroports, au moment de me (leur) dire au revoir. De celui, soupconné d'être un terroriste à cause d'une attèle à une cheville soupconnée, à la palpation, d'être un explosif. D'un chinois, qui ne parlant pas anglais, n'avait pas compris qu'on lui demandait d'écarter les bras et de toute l'excitation qu'avait engendré ce refus. De l'aéroport de San Fransisco où tu enlèves tes chaussures pour rentrer en salle d'embarquement, et où, faute d'espace fumeur, tu repars dans l'autre sens pour à nouveau déchausser et respirer la nicotine à l'air pur.
Je ne pense plus car on nous ouvre, et je vois tout de suite mon sac, là, sur une table.
Et là, c'est l'interrogatoire. Un devant qui pose les questions, un autre derrière qui me regarde sans doute, et les deux jeunes femmes qui attendent, avec l'habitude du truc chiant mais à faire :
- Bonjour Monsieur, c'est votre bagage ?
- Oui, c'est le mien !
- C'est bien votre bagage ?
- Oui, oui,...
- Vous l'avez préparé tout seul ?
- Oui
- Vous êtes sûr ?
- Oui, oui,...
Mais pourquoi me pose-t-il deux fois les mêmes questions, lui ? Allez, accouche, je me dis, il a quoi mon sac, putain !
- Vous ne l'avez pas confié à d'autres personnes ?
- Non, non...
- Personne ne vous a confié d'objet qui ne vous appartiendrait pas ?
- Euh, non, non même si j'en sais trop rien.
Là, je me dis qu'il progresse, qu'il ne me pose plus qu'une fois les questions...
- Vous l'avez bien préparé tout seul ?
- Oui, c'est le mien que j'ai fait tout seul, OUI, OUI, ...
Voilà, il repasse en mode, je répète, ça fait déjà trois fois. Il progressait. Le voilà qui régresse...
- Vous ne l'avez pas laissé sans surveillance ?
Là, je me dis que je l'ai laissé sans surveillance, dans mon bureau, le temps d'aller prendre mon café mais je réponds que non, il n'a pas échappé à ma vigilance.
- Vous ne l'avez pas laissé sans surveillance ?
Bon, il veut me faire douter de mes collègues ou quoi. Il est lourd. Je vais quand même pas lui expliquer que j'ai fait une tournée d'adieux pendant un mois, que ce matin, dans mon sac, j'ai mis tout le petit bordel accumulé dans mon bureau pendant 4 ans : des transfos, un coupe-papier, des presse-papier, du papier, les cadeaux de fête des pères des trois dernières années, ...
- Non, pas sans surveillance...
- Je peux l'ouvrir ?
- Oui, allez-y !
Alors, enfin, il se décide à l'ouvrir. Il tombe en premier sur le sac de linge sale, il regarde à l'intérieur, voit mes caleçons, et ne va pas plus loin. Ca m'amuse. Mais le gars n'est pas méchant. Il ouvre un autre sac de vêtements propres, regarde un peu plus longtemps, comme par hasard, puis tombe sur la malette de poker et me demande :
- C'est quoi ça ?
- Je vais vous ouvrir...
Là, en même temps que je lui ouvre, il met de coté le petit pingouin assez épais que j'avais sur mon bureau et que j'utilisais comme presse-papier. Il le regarde sous tous les angles. Je me demande s'il cherche de la drogue ou quoi dans le pingouin ? Je me vois comme dans un sujet de Capital sur les douaniers qui cherchent de la drogue partout...
En fait, il doit en chercher dans les jetons de poker, car il en sort deux ou trois, des bleus, et passe plusieurs fois ses doigts dessus :
- C'est quoi ?
- Des jetons de poker !
- C'est fait en quoi ?
- Euh, je sais pas, bakélite, je crois, c'est pas du plastique, y'en a en argile mais pas ceux-là, mince, je savais le nom...
Il se décide à demander à son collègue si c'était ça qui bloquait. L'autre répond sans doute. Il appelle pour avoir l'info. J'écoute. Mais en fait non, il lui parle d'un bagage pour l'égypte.
Alors, le gars, qui comprend en même temps que moi que son collègue lui dira rien de plus que sans doute, c'est la malette, me dit que c'est trop épais, la malette, pour qu'ils voient aux rayons, et que l'empilement des jetons ne devait pas permettre de voir à travers.
- C'était trop dense, empilés comme ça. Ca bloquait ! conclut-il
- Ils sont beaux, ajoute-t-il
- Ca vaut cher ? demande-t-il encore...
- Je ne sais pas, c'est un cadeau, mais si ça vous intéresse, vous pouvez surement en trouver sur jetons-de-poker.com je réponds
Bon, j'ai un avion à prendre. Ils me font signer trois papiers comme quoi ils m'ont bien posé ces questions et que j'y ai répondu. Ils doivent être contrôlés là-dessus, je comprends mieux pourquoi trois fois certaines questions.
On me laisse sortir.
Je ne louperai pas mon avion mais mon bagage oui. On me l'amènera à la maison le lendemain matin. Il avait pris l'avion suivant, du soir. Moi, j'ai vérifié que la malette de jetons était toujours là et n'avait pas tenté l'opérateur de contrôle des bagages. Pendant une soirée, je me suis dit qu'ils avaient perdu mon bagage pour me voler mes jetons...
Bon, je ferme mon ordinateur, remballe mon bordel, écrase ma cigarette et direction comptoir 44. J'espère que ce n'est rien, que ça ira vite, car mon vol part bientôt. Je croise les voyageurs dans l'autre sens, je repasse le portique de sécurité, là aussi, dans l'autre sens, en faisant sonner celui-ci cette fois.
Arrivé au comptoir, on me dit que c'est pour une reconnaissance de bagage. J'ai mis tellement de trucs dans mon bagage que je me demande bien ce que cela peut-être.
On me fait patienter. Là arrivent deux demoiselles en tenue bleue aéroport qui passent faire la bise à leur collègue à l'enregistrement. Celle derrière le comptoir profite de leur passage pour demander à celles devant le comptoir de m'accompagner à la salle de reconnaissance. C'est pour une reco, précise-t-elle. Elles acquiescent.
Là, elle utilisent un interphone, et nous attendons facilement cinq minutes durant lesquelles j'essaie de refaire le contenu de mon sac mentalement. Je pense d'abord à la demi-dizaine de petits transfos de mes différents lecteurs CD ou mp3, téléphones, et autres disque dur externes que j'ai jamais réussi à jeter.
Je repense aussi à la dernière discussion du matin à la machine à café où chacun avait raconté une anecdote sur les aéroports, au moment de me (leur) dire au revoir. De celui, soupconné d'être un terroriste à cause d'une attèle à une cheville soupconnée, à la palpation, d'être un explosif. D'un chinois, qui ne parlant pas anglais, n'avait pas compris qu'on lui demandait d'écarter les bras et de toute l'excitation qu'avait engendré ce refus. De l'aéroport de San Fransisco où tu enlèves tes chaussures pour rentrer en salle d'embarquement, et où, faute d'espace fumeur, tu repars dans l'autre sens pour à nouveau déchausser et respirer la nicotine à l'air pur.
Je ne pense plus car on nous ouvre, et je vois tout de suite mon sac, là, sur une table.
Et là, c'est l'interrogatoire. Un devant qui pose les questions, un autre derrière qui me regarde sans doute, et les deux jeunes femmes qui attendent, avec l'habitude du truc chiant mais à faire :
- Bonjour Monsieur, c'est votre bagage ?
- Oui, c'est le mien !
- C'est bien votre bagage ?
- Oui, oui,...
- Vous l'avez préparé tout seul ?
- Oui
- Vous êtes sûr ?
- Oui, oui,...
Mais pourquoi me pose-t-il deux fois les mêmes questions, lui ? Allez, accouche, je me dis, il a quoi mon sac, putain !
- Vous ne l'avez pas confié à d'autres personnes ?
- Non, non...
- Personne ne vous a confié d'objet qui ne vous appartiendrait pas ?
- Euh, non, non même si j'en sais trop rien.
Là, je me dis qu'il progresse, qu'il ne me pose plus qu'une fois les questions...
- Vous l'avez bien préparé tout seul ?
- Oui, c'est le mien que j'ai fait tout seul, OUI, OUI, ...
Voilà, il repasse en mode, je répète, ça fait déjà trois fois. Il progressait. Le voilà qui régresse...
- Vous ne l'avez pas laissé sans surveillance ?
Là, je me dis que je l'ai laissé sans surveillance, dans mon bureau, le temps d'aller prendre mon café mais je réponds que non, il n'a pas échappé à ma vigilance.
- Vous ne l'avez pas laissé sans surveillance ?
Bon, il veut me faire douter de mes collègues ou quoi. Il est lourd. Je vais quand même pas lui expliquer que j'ai fait une tournée d'adieux pendant un mois, que ce matin, dans mon sac, j'ai mis tout le petit bordel accumulé dans mon bureau pendant 4 ans : des transfos, un coupe-papier, des presse-papier, du papier, les cadeaux de fête des pères des trois dernières années, ...
- Non, pas sans surveillance...
- Je peux l'ouvrir ?
- Oui, allez-y !
Alors, enfin, il se décide à l'ouvrir. Il tombe en premier sur le sac de linge sale, il regarde à l'intérieur, voit mes caleçons, et ne va pas plus loin. Ca m'amuse. Mais le gars n'est pas méchant. Il ouvre un autre sac de vêtements propres, regarde un peu plus longtemps, comme par hasard, puis tombe sur la malette de poker et me demande :
- C'est quoi ça ?
- Je vais vous ouvrir...
Là, en même temps que je lui ouvre, il met de coté le petit pingouin assez épais que j'avais sur mon bureau et que j'utilisais comme presse-papier. Il le regarde sous tous les angles. Je me demande s'il cherche de la drogue ou quoi dans le pingouin ? Je me vois comme dans un sujet de Capital sur les douaniers qui cherchent de la drogue partout...
En fait, il doit en chercher dans les jetons de poker, car il en sort deux ou trois, des bleus, et passe plusieurs fois ses doigts dessus :
- C'est quoi ?
- Des jetons de poker !
- C'est fait en quoi ?
- Euh, je sais pas, bakélite, je crois, c'est pas du plastique, y'en a en argile mais pas ceux-là, mince, je savais le nom...
Il se décide à demander à son collègue si c'était ça qui bloquait. L'autre répond sans doute. Il appelle pour avoir l'info. J'écoute. Mais en fait non, il lui parle d'un bagage pour l'égypte.
Alors, le gars, qui comprend en même temps que moi que son collègue lui dira rien de plus que sans doute, c'est la malette, me dit que c'est trop épais, la malette, pour qu'ils voient aux rayons, et que l'empilement des jetons ne devait pas permettre de voir à travers.
- C'était trop dense, empilés comme ça. Ca bloquait ! conclut-il
- Ils sont beaux, ajoute-t-il
- Ca vaut cher ? demande-t-il encore...
- Je ne sais pas, c'est un cadeau, mais si ça vous intéresse, vous pouvez surement en trouver sur jetons-de-poker.com je réponds
Bon, j'ai un avion à prendre. Ils me font signer trois papiers comme quoi ils m'ont bien posé ces questions et que j'y ai répondu. Ils doivent être contrôlés là-dessus, je comprends mieux pourquoi trois fois certaines questions.
On me laisse sortir.
Je ne louperai pas mon avion mais mon bagage oui. On me l'amènera à la maison le lendemain matin. Il avait pris l'avion suivant, du soir. Moi, j'ai vérifié que la malette de jetons était toujours là et n'avait pas tenté l'opérateur de contrôle des bagages. Pendant une soirée, je me suis dit qu'ils avaient perdu mon bagage pour me voler mes jetons...
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