lundi 7 mai 2007
Un jour pas comme les autres...
En ce dimanche 6 mai, nouveau jalon de l’histoire de France, nous avons écumé le vide-greniers de Labège, trouvé avec peine un petit camion-grue pour Nils puis, sur le chemin du retour, son premier bureau plaqué blanc dans un dépôt-vente pour Jade que je suis allé chercher seul après avoir ramené entre-temps les enfants à la maison. J’aurais le souvenir d’avoir tenté de négocier une remise supplémentaire en donnant à la propriétaire les résultats de l’élection avant l’heure, ce qui se termina, non pas par une remise, mais par regretter conjointement DSK. Entre-temps, j’aurais envoyé des SMS un peu partout, ou plutôt, fais suivre celui de Richard. Propageant ainsi le résultat, Jean-Marc m’appela croyant à une consigne de vote. Euh, non… c’est le résultat que je te donne, là !
Puis, j’aurais écourté ma discussion avec Pontus, qui me demandait ce que j’en pensais, appelant mes parents qui venaient de débarquer chez lui, à Stockholm, pour leur annoncer la mauvaise nouvelle, enfin, de mon point de vue, car du leur, c’est peut-être différent.
Enfin, j’aurais été d’humeur maussade durant le diner, et Jade se demandait si la maman d’une copine avait voté Sarkozy. Je me suis rendu compte que dans le dictionnaire Nilsien, j’avais aussi omis de mettre kafkowy, qui dans la bouche de Nils, est le nom du nouveau président. D’ailleurs, Nils était en bleu, couleur de l’UMP, et Jade en rouge, couleur du PS. Une certaine idée de la représentation démocratique, sans le vouloir. Jade en rouge, est-ce pour cela qu’elle se mit à chanter « Ségolène ROY-AL » depuis sa balançoire ? ou parce que je lui ai annoncé qu’on aurait plus de policiers et moins de maîtresses d’école, ce que je n’aurais pas dû car je crois l’avoir un peu effrayé. Elle a même réagi en disant qu’elle espérait qu’il ne viendrait pas à son anniversaire, Nicolas Sarkozy. Toujours est-il que 5 minutes avant 20 heures, j’ai sonné le branle-bas de combat pour quand même voir l’effet d’annonce connu de tous : j’ai indiqué qu’on allait regarder la télé : Jade s’est précipitée et Nils a répondu tlatlé , ce qui est un autre mot oublié du dictionnaire.
Dans l'escalier, Jade s'est retournée et m'a dit
- Papa, tu sais, je crois que les voisins ont voté Nicolas Sarkozy
- Ah bon ? lesquels ?
Elle a pointé en direction, depuis la maison, pour que je devine de quels voisins il s'agissait.
- Pourquoi tu dis ça ?
Elle ne m'a pas répondu. J'ai ajouté :
- Oui, surement, ils ont le droit, tu sais, chacun vote pour qui il préfère.
On a compté ensemble le décompte à haute voix. Jade était livide en voyant le visage de Nicolas. Puis Ségolène est apparue, a pris son bain de foule, et Nils réclamait Babar pendant ce temps. Elle a fait un discours, et étonnamment, de nous tous, c’est Jade qui, spontanément, l’a applaudie à la fin de son discours. Alors, Sophie et moi l’avons imité. Et puis, on lui a dit à Jade qu’elle avait 5 ans, et qu’un président, ça change tous les 5 ans, donc que ça va très vite, mais là aussi, ça n’a pas dû la rassurer, car 5 ans, à son échelle, c’est toute une vie.
On a ensuite écouté le discours du nouveau président du monde, et Jade m’a demandé qui c’était. J’ai dit que c’était une boutade, que ça n’existait pas. Pourtant, on avait l’impression que c’était lui, parlant des Etats-Unis, de l’Europe, de la Méditerranée. A peine est-il le président de la république française qu’il regarde déjà plus loin, l’ambitieux…
De nous tous, finalement, Jade était la plus triste, et il a fallu la consoler, lui dire qu’en fait, malgré tout ce que disait Papa, ce n’était pas si grave que ça, que la vie continuait, et que c’était la démocratie, mot qui n’a pas encore fait son apparition dans la bouche de Nils, et qu’il faut aussi savoir perdre, même si on a envie de gagner tout le temps. Et là, je retrouve ce trait de caractère qu’elle reprend, mais tous les enfants le font : l’envie de gagner tout le temps, et l’apprentissage de la défaite, comme nécessité de rebond.
Finalement, au cours de cette fin de journée, le sentiment qui m’a animé est assez proche des lendemains de défaite contre l’Italie en coupe du monde. Cela fait beaucoup. Encore heureux que le PSG ait battu l’OM en finale l’an passé. Cela ferait beaucoup. Alors, j’ai une pensée émue pour Christian et Ludo qui, dans le même temps, ont connu une grosse déception de plus que moi. Il y a toujours plus difficile que ce que l’on vit, et ce pays va nous le ressasser souvent maintenant. Demain, 7 mai, je ne travaille pas, et c'est aussi bien pour y réfléchir calmement.
Puis, j’aurais écourté ma discussion avec Pontus, qui me demandait ce que j’en pensais, appelant mes parents qui venaient de débarquer chez lui, à Stockholm, pour leur annoncer la mauvaise nouvelle, enfin, de mon point de vue, car du leur, c’est peut-être différent.
Enfin, j’aurais été d’humeur maussade durant le diner, et Jade se demandait si la maman d’une copine avait voté Sarkozy. Je me suis rendu compte que dans le dictionnaire Nilsien, j’avais aussi omis de mettre kafkowy, qui dans la bouche de Nils, est le nom du nouveau président. D’ailleurs, Nils était en bleu, couleur de l’UMP, et Jade en rouge, couleur du PS. Une certaine idée de la représentation démocratique, sans le vouloir. Jade en rouge, est-ce pour cela qu’elle se mit à chanter « Ségolène ROY-AL » depuis sa balançoire ? ou parce que je lui ai annoncé qu’on aurait plus de policiers et moins de maîtresses d’école, ce que je n’aurais pas dû car je crois l’avoir un peu effrayé. Elle a même réagi en disant qu’elle espérait qu’il ne viendrait pas à son anniversaire, Nicolas Sarkozy. Toujours est-il que 5 minutes avant 20 heures, j’ai sonné le branle-bas de combat pour quand même voir l’effet d’annonce connu de tous : j’ai indiqué qu’on allait regarder la télé : Jade s’est précipitée et Nils a répondu tlatlé , ce qui est un autre mot oublié du dictionnaire.
Dans l'escalier, Jade s'est retournée et m'a dit
- Papa, tu sais, je crois que les voisins ont voté Nicolas Sarkozy
- Ah bon ? lesquels ?
Elle a pointé en direction, depuis la maison, pour que je devine de quels voisins il s'agissait.
- Pourquoi tu dis ça ?
Elle ne m'a pas répondu. J'ai ajouté :
- Oui, surement, ils ont le droit, tu sais, chacun vote pour qui il préfère.
On a compté ensemble le décompte à haute voix. Jade était livide en voyant le visage de Nicolas. Puis Ségolène est apparue, a pris son bain de foule, et Nils réclamait Babar pendant ce temps. Elle a fait un discours, et étonnamment, de nous tous, c’est Jade qui, spontanément, l’a applaudie à la fin de son discours. Alors, Sophie et moi l’avons imité. Et puis, on lui a dit à Jade qu’elle avait 5 ans, et qu’un président, ça change tous les 5 ans, donc que ça va très vite, mais là aussi, ça n’a pas dû la rassurer, car 5 ans, à son échelle, c’est toute une vie.
On a ensuite écouté le discours du nouveau président du monde, et Jade m’a demandé qui c’était. J’ai dit que c’était une boutade, que ça n’existait pas. Pourtant, on avait l’impression que c’était lui, parlant des Etats-Unis, de l’Europe, de la Méditerranée. A peine est-il le président de la république française qu’il regarde déjà plus loin, l’ambitieux…
De nous tous, finalement, Jade était la plus triste, et il a fallu la consoler, lui dire qu’en fait, malgré tout ce que disait Papa, ce n’était pas si grave que ça, que la vie continuait, et que c’était la démocratie, mot qui n’a pas encore fait son apparition dans la bouche de Nils, et qu’il faut aussi savoir perdre, même si on a envie de gagner tout le temps. Et là, je retrouve ce trait de caractère qu’elle reprend, mais tous les enfants le font : l’envie de gagner tout le temps, et l’apprentissage de la défaite, comme nécessité de rebond.
Finalement, au cours de cette fin de journée, le sentiment qui m’a animé est assez proche des lendemains de défaite contre l’Italie en coupe du monde. Cela fait beaucoup. Encore heureux que le PSG ait battu l’OM en finale l’an passé. Cela ferait beaucoup. Alors, j’ai une pensée émue pour Christian et Ludo qui, dans le même temps, ont connu une grosse déception de plus que moi. Il y a toujours plus difficile que ce que l’on vit, et ce pays va nous le ressasser souvent maintenant. Demain, 7 mai, je ne travaille pas, et c'est aussi bien pour y réfléchir calmement.
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